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Catégorie : sons

Citations

ODEURS

Londres, 1924

Quand à la ville de Londres elle-même, elle sent partout l’essence, l’herbe brûlée et le suif, à la différence de Paris où, à ces odeurs, s’ajoutent celle de la poudre de riz, du café et du fromage. A Prague, chaque rue a son parfum à elle: pour cela rien ne vaut Prague. (Karel Ĉapek, « Lettres d’Angleterre », la Baconnière, Genève, 2017, p.18 [trad. Gustave Aucouturier]).

SONS

Londres, 1924

Ce qui est beaucoup plus compliqué [que de parler des odeurs], ce sont les bruits de Londres. Là-bas, mes amis, sur la Strand ou à Piccadilly, on dirait une filature à mille et mille métiers. Mille moteurs, autobus, machine à vapeur, grondent, vibrent, ronronnent, vrombissent, grognent, ronflant et bourdonnent à plein gaz ; vous êtes assis sur l’impériale d’un « bus » qui ne peut avancer et ronfle en vain, son ronflement vous secoue et sous sautez sur place comme une bizarre poupée de son. Puis il y a des rues tranversales, […] et dans ces rues, je ne sais quelles variations éperdues en « i » annoncent un marchand de lait ; un « yéyéi » désespéré signifie des margotins pour allumer le feu, « ouö » est le cri de guerre du charbonnier, et l’épouvantable hurlement d’un matelot en délire fait savoir qu’un gaillard pousse cinq choux à vendre sur une voiture d’enfant. La nuit, les chats font l’amour aussi sauvagement que sur les toits de Palerme, en dépit de tout ce qu’on raconte sur le puritanisme anglais.

Il n’y a que les gens,s qui soient ici plus silencieux qu’ailleurs. Ils ne parlent que du bout des lèvres, et ont hâte d’être chez eux. Voilà ce qu’il y a de plus étonnant dans les rues de Londres. (Karel Ĉapek, « Lettres d’Angleterre », la Baconnière, Genève, 2017, pp.18-19 [trad. Gustave Aucouturier]).

Venise, 1933

Depuis la guerre, les Vénitiennes ont quitté leurs petits sabots qui claquaient si drôlement quand elles franchissaient les marches des ponts.  (Ferdinand Bac, Promenades dans l’Italie nouvelle – Florence, Gênes, Venise, Milan, Hachette, Paris, 1933,p. 381)

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SONS

Venise 1834

Cet assemblage de maisons, les conti, s’ouvrant sur un espace commun, correspond à ce que nous appelons aujourd’hui, à Paris, « cité ». Ce sont de petites places obscures, servant de passage qu’un quartier à l’autre, habitées par des gens de mince fortune et de mince condition, le plus souvent par des gens du peuple, des ouvriers ou des blanchisseuses; qui étendent leur linge sur des cordes tendues en travers du chemin. Malheur à l’artiste pauvre, réduit à ouvrir les fenêtres de son cabinet sur ces recoins tranquilles, où la vie prolétaire, avec ses habitudes rustiques, bruyantes et un peu malpropres, reparaît tout à coup au sein de Venise, à deux pas des larges canaux et des somptueux édifices. Malheur à lui si le silence est nécessaire à ses méditations. Car de l’aube à la nuit un bruit d’enfants, de poules et de chiens, jouant et criant ensemble dans cette enceinte resserrée, les interminables babillages des femmes rassemblées sur le seuil des portes, et les chansons des travailleurs dans leurs ateliers ne lui laisseront pas un instant de repos. Heureux encore quand l’improvvisatore ne vient pas hurler ses sonnets et ses dithyrambes jusqu’à ce qu’il ait recueilli un sou de chaque fenêtre, ou quand Britzella n’établit pas sa baraque au milieu de la cour, patient à recommencer son dialogue avec l’invocato, il tedesco et il diavolo, jusqu’à ce qu’il ait épuisé sa faconde gratis devant les enfants déguenillés, heureux spectateurs qui ne se font scrupule d’écouter et de regarder sans avoir un liard dans leur poche. (George Sand, cité dans : Fulvio Roiter, « Venise à fleur d’eau », La Guilde du Livre, Lausanne, 1954, p. 116)

 

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Odeurs

Bucarest, années 30
Je voulais dire simplement l’impression désespérante que me fit Bucarest dont ma mère m’avait dit que c’était une ville plus belle que Paris, pour me décider à venir. Je me suis promis de ne plus vivre dans cette ville ni dans ce pays. […]  Les maisons basses et sales, les rues étroites, l’aspect des gens dans la rue, l’odeur des saucisses que l’on mangeait dans les restaurants en plein air que l’on appelait improprement des jardins d’été … (Eugène Ionesco, « Un homme en question », Gallimard, Paris, 1979, in : « le goût de Bucarest », Mercure de France, Paris, 2010, p. 15.)

Sons

Turin, 1951
Ce matin, j’ai été réveillé de bonne heure par les oiseaux qui se battaient dans les arbres. Je viens au balcon. Ma chambre donne sur le Corso Francia. Je surplombe d’un étage une station de bus où les gens attendent. Ce sont sans doute es employés de bureau et des dactylos qui vont aux usines de Rivoli. Ils ne font pas plus de bruit que les oiseaux, mais ils en font autant. Il n’y a pas encore dans le trafic ces cocasses motocyclettes semblables à des chaises percées et qui emportent les beaux pétaradants, ou des messieurs à serviettes de cuir. Du côté de là, on entend trotter un cheval sur les pavés et rouler les roues cerclées de fer d’une charrette. Un vannier, un chiffonnier ou un marchand de peaux de lapin joue d’une petite trompette et de temps en temps pousse un cri bien réglé dans la cadence du trot du cheval. Le bus à trolley qui emporte finalement mes dactylos ronronne à peine comme un chat. C’est le moment où dans les villes on entend quelques fois les arbres. (Jean Giono, « Voyage en Italie », N.R.F., Gallimard, Paris, 1953, pp. 23-24.)

Venise, 1951
Le silence de Venise peut être utilisé sans fatigue pour la jouissance (et pas banale) de toute une vie. Il a cependant la qualité des grands silences. Depuis que j’ai débarqué (et c’est le mot) à Autorimessa, j’éprouve ce pour quoi depuis toujours et partout tant d’hommes de qualité ont fui le monde, et qui peut être défini de la façon suivante: un sens qui sert rarement au plaisir sert enfin au plaisir. (Jean Giono, « Voyage en Italie », N.R.F., Gallimard, Paris, 1953, p. 115.)

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Lumières du Nord

 Vitet qui a visité il y a bien des années Rotterdam, Amsterdam et la Haye, a vu tout le pays « sous un ciel sombre et brumeux, sans transparence ni couleur« , M. Taine parle avec complaisance du « ciel charbonneux d’Amsterdam » et M. Charles Blanc, du « Ciel voilé » de la Néerlande. Je ne prends que ceux-là, pour ne citer que les plus illustres; mais tous les autres, anglais, allemands ou français, sont dans le même cas, et j’ai sous les yeux un guide imprimé à Londres qui parle des brouillards de la Haye! Il faut pourtant une bonne fois faire justice de cet étrange préjugé. Non, la Hollande n’est point un pays brumeux, charbonneux, sombre, sans transparence ni couleur; c’est au contraire un des pays les plus colorés et les plus lumineux qui existent. Son ciel, chargé de vapeurs, réfléchit la lumière avec une intensité excessive. Les nuages qui sillonnent presque constamment le ciel projettent sur la campagne leurs ombres lourdes, mais transparentes, et divisent ainsi la plaine infinie en grands plans tour à tour sombres ou fortement éclairés. Or, comme les couleurs ne valent que par le contraste, ces vastes bandes brunes qui rayent le paysage redoublent la coloration des parties en lumière, et la plaine qui s’étend à perte de vue devient, par cette succession de parties claires et obscures, la campagne la plus colorée peut-être qui soit en Europe. L’atmosphère, en outre, chargée d’humidité, produit sur l’œil le même effet qu’au milieu des Lagunes [de Venise]. Les contours se perdent, les lignes s’estompent, les couleurs font tache, et les teintes, n’étant plus contenues dans des limites précises, se fondent dans des harmonies d’une douceur inexprimable. Ces couleurs sont du reste d’une pureté remarquable (j’entends celles qui animent la campagne) et bien propres à se faire valoir. L’humidité constante des polders communique à ces prairies sans fin une éternelle teinte verte, toujours fraîche et vive, qui forme en quelque sorte la base du paysage. Au-dessus le ciel, et au-dessous l’eau qui reflète le ciel, sont d’un blanc d’argent ou d’un azur excessivement pâle. Puis, entre le ciel et le sol, les maisons aux toitures rouges et aux murs sombres, ou les moulins aux teintes rousses et aux ailes bariolées, complètent un assemblage de couleurs d’une vivacité inouïe. Le brun opposé au blanc, et le rouge au vert, peut-on rêver rien de plus chaud et de plus énergique? Pour tous ceux qui ont parcouru les campagnes de la Hollande, qui ont navigué sur ses fleuves, traversé ses polders, ce spectacle est si frappant, qu’on se demande commentant d’hommes de talent et de goût ont pu passer à côté de ces spectacles sans en saisir le caractère. Un fait cependant aurait dû les faire réfléchir. A défaut de la nature, il leur eût suffi de contempler les œuvres des paysagistes. Ou les tableaux de Ruisseau, d’Hobbema et de Paulus Potter sont autant de mensonges, ou bien la nature hollandaise est autre qu’on ne l’a dépeinte dans les livres, et son ciel n’est pas, comme on le dit si complaisamment, « sombre et brumeux, sans transparence ni couleur.«  (Henri Havard, « Amsterdam et Venise », Plon, Paris, 1876, pp. 582-584)

Lumières de Venise

De l’influence du climat sur la formation de la peinture vénitienne.

Là, en effet, où une brume légère règne perpétuellement dans l’atmosphère ; là où une vapeur argentée s’interpose entre l’œil et les objets qu’il contemple, les contours se trouvent estompés, les lignes perdent de leur netteté ; par contre les couleurs « font tache« , et prennent une intensité excessive. En même temps, et comme conséquence de leur indécision de formes, les taches colorées ont une visible tendance à se fondre sur leurs limites, et de cette fusion de tons vivaces, il résulte une harmonie brillante qui séduit l’œil et le charme. Or, c’est par l’œil, il ne faut pas l’oublier, que se fait toute l’éducation du peintre. Jamais un raisonnement n’aura sur lui l’influence d’un spectacle vu. Parlant aux yeux, c’est par ceux-ci qu’il lui faut apprendre le langage dans lequel il doit s’exprimer. Dès lors, on comprend pourquoi les contrées humides et brumeuses façonnent tellement certains talents à l’image des spectacles qu’elles leur font voir, et pourquoi non-seulement Venise, mais encore la Hollande, la Flandre et l’Angleterre ont été des pépinières de coloristes.

Dans les pays brûlés par le soleil, où l’air, desséché par la chaleur, s’est dépouillé de toute humidité vaporeuse, la perspective aérienne, au contraire, n’existe pour ainsi dire pas. Les contours deviennent alors d’une netteté et d’une précision brutales. Les formes prennent une importance extraordinaire, les couleurs dures et crues arrêtent à peine le regard. Les tons entiers et violents sont sans charme pour l’oeil. Par contre, les grandes lignes sont plus fièrement écrites, et l’esprit de l’artiste, subissant forcément l’influence des spectacles qui l’environnent, s’habitue à la prépondérance du contour. Dans ces pays, l’étude de la nature doit inévitablement produire des dessinateurs. (Henry Havard, p. 538-539.)

Sons

Valence, 1862
Le clocher de la cathédrale, qui est assez élevé, s’appelle le Micalet ou Miguelete, du nom d’une énorme cloche et qui sert à annoncer aux laboureurs de la huerta les heures des irrigations. (Charles Davillier, Gustave Doré, « Voyage en Espagne », Stock+, Paris, 1980, p. 49.)

Venise, 1876
Les gondoliers vénitiens n’ont pas perdu leur merveilleuse habileté. Rien n’est plus intéressant que de les voir dans des canaux étroits et tortueux se croiser, se dépasser et s’éviter avec une adresse incroyable.
À chaque tournant, ne pouvant s’apercevoir ni entendre, car la gondole dans sa marche ne fait aucun bruit, ils s’avertissent par un cri bizarre et monotone de la direction qu’ils doivent prendre ou des évolutions qu’il leur faut faire. Sia premi (nous suivons ici la prononciation) veut dire « prenez à droite » ; sia stali, « prenez à gauche »; sia di lungo, « allez tout droit ». A tout instant, l’un de ces cris stridents vient fendre l’air et troubler pour quelques secondes le silence léthargique dans lequel repose la somnolente cité.(Henri Havard, « Amsterdam et Venise », Plon, Paris, 1876, pp. 304-305)

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Sons

Venise, 2005
Tu dois t’habituer au silence et au fracas. Tu passes soudain des cours feutrées au Canal Grande retentissant de bateaux de transport, de la gondole solitaire à la flotte de sérénades avec accordéon et touristes qui battent des mains au rythme d’un baryton obèse. […] Les gondoliers ont un klaxon portable dans la gorge: une gondole qui arrive ne fait pas de bruit, donc quand ils sont proches d’un tournant à angle droit ils préviennent en criant « ohé pope! », le pope, c’est le poste de vogue à l’arrière. […] La police, les taxis, les ambulances et le service des pompes funèbres se déplacent en vrombissant en canot à moteur. Les sirènes amplifient les bateaux au large, propageant le port en les faisant exploser dans l’air.
Les pirateries des chats te réveillent la nuit. Ils se provoquent en duel en hurlant museau contre museau, miaulant en chaleur. Les chats s’échappent, les chiens s’acharnent.

[…] Promène-toi avec les poésies de Pascoli pour vérifier sur le terrain ses transcriptions phonétiques du langage des oiseaux. Les tourterelles mono-vocaliques n’ont appris que le u, elles se saluent par leur nom, s’appellent toutes Turturu. Les fauvettes, les merles, les hirondelles, les étourneaux, les rossignols, les objets gazouillants non identifiés, des nids d’ocarina, des rameaux fleuris de flûtes, des sifflets arbitraux avec des pattes.
Le décollage des pigeons fouette l’air comme l’allumage d’un moteur essoufflé. L’été, les micro-scies électriques des cigales sont des espions révélateurs, qui signalent à la centrale les jardins cachés entre les maisons. Les mouettes tourbillonnent en criant au-dessus des étals de santa Margherita.

[…] Descends le pont du Rialto du côté du marché. Ferme les yeux  en marchant: écoute la Babel des langues des touristes du monde entier concentrées sur cinquante mètres de calle.
[…] Les talons qui résonnent dans les calli pendant que tu marches la nuit sont une ponctuation de ta solitude.
Ta journée est tranchée en heures et demi-heures par le tintamarre des cloches. A minuit, retentit la mère de toutes les cloches: la marangona du clocher de san Marco qui ordonne le silence.

(Tiziano Scarpa, « Venise est un poison », Christian Bourgeois éditeur, Paris, 2009, pp. 51-55. [trad. Guillaume Chpaltine])

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Lumières du Nord

Hollande
Le pays du ciel: il n’y a que ça, sur tout le pourtour d’un horizon illimité. Le pays de la lumière: elle est inondante, on le veut partout, elle entre dans les maisons par des baies immenses, depuis de siècles. Ces gens ont inventé « l’architecture de verre » avant « l’architecture moderne », au temps de Vermeer et de Rembrandt. (Le Corbusier, « voyage en Hollande, janvier 1932, in: « Croquis de voyages et études », La Quinzaine Littéraire – Louis Vuitton, Paris, 2009, p. 224.)

Prague
La lumière par beau temps d’hiver ou de printemps palpite toujours de vapeur ténue. Elle en paraît à la fois plus riche et plus fragile, tamisée d’or le soir, aérée de bleu-gris au matin. C’est la grâce de cette ville. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 139)

Vienne
Rathaus park, Stadtpark, Volksgarten, Heldenplatz, Schönbrunn entre tous, les matins d’hiver, par ciel de craie et de cendre broyées dont on voit se détacher lentement des lambeaux de nuages, sous la lumière muette de neige. […] Et toujours la demi-lumière feutrée d’humidité qui rend irréelle la promenade. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, pp. 75-76)

Sons

Portugal, 1774
Dans tout le pays que j’ai traversé, on emploie pour les charrois une espèce de char comme ceux d’Irlande, tiré par des boeufs avec des colliers: les roues n’en sont jamais graissées afin, m’a-t-on dit, que dans les chemins étroits, qui sont communs ici, les charretiers puissent s’entendre de loin. (William Dalrymple, « voyage en Espagne et en Portugal dans l’année 1774 »,  in: « Voyages au Portugal aux XVIIIè et XIXè siècles », Pimientos, Lisbonne, 2005, p. 75)

Odeurs

Rome, février 1817
Il règne dans les rues de Rome une odeur de choux pourris. (Stendhal, « Rome, Naples et Florence », Diane de Selliers Editeur, Paris, 2010, p. 207.)

Naples, février 1864.
Dans tout le souterrain du Pausilippe et en général dans tout Naples, on a envie de se bouchez le nez; c’est bien pis en été dit-on. Et cela est universel dans le midi, à Avignon, à Toulon, comme en Italie. (Hippolyte Taine, « Voyage en Italie », tome 1, Julliard, coll. Littérature, Paris, 1965, p. 52)

Rome, mars 1864.
A San-Francesco à Ripa, c’est une décoration intérieure de dorures et de marbre la plus fastueuse et la plus exagérée qu’on puisse voir. […] Ce qui n’est pas moins frappant, c’est le contraste de l’église et de ses alentours. Au sortir de San-Francisco à Ripa, on se bouche le nez, tant l’odeur de morue est forte. (Hippolyte Taine, « Voyage en Italie », tome 1, Julliard, coll. Littérature, Paris, 1965, p. 280)

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Citations

SONS

Naples, 1854
De nombreux colporteurs ambulants parcourent les rues, leurs marchandises sur la tête; et leurs cris font retentir l’air. Ceci, ajouté aux cliquetis des cloches portées par les troupeaux de chèvres continuellement conduits dans la ville pour être traites, ou allant au pâturage, rendent les Naples pleine de sons. Les musiciens de rue aussi, avec cor, violon, guitare, etc., dansent en jouant; aussi Punch et Judy, qui ont été créés dans cette région, grinçant dans les rues, avec des multitudes de charrettes, calèches, etc., font de Naples une ville bruyante … (Samuel Young, « A Wall-street bear in Europe », in: Peter Furtado, « Great CitiesThrough Travellers’Eyes », Thames & Hudson, London, 2019, p. 221.)

Barcelone – 1935
Nous suivons un dédales de rues, d’avenues qui s’allongent, se croisent, s’emplissent du tapage des klaksons d’autos, du roulement des trams, du bruit de ferraille d’énormes autobus à étage, s’éclairent des feux d’élégants magasins, de cafés, de pâtisseries. (Auguste Vierset, « L’Espagne en autocar », Les Editions de Belgique, Bruxelles, 1935, p. 12.)

Valence – 1935
Le soir, dans les rues très animées, les trottoirs sont encombrés de gens assis, dos à la façade, devant des tables que les consommations n’encombrent guère. […] Les cris des marchands de journaux, le bruit des pick-ups, le brouhaha des conversations, le roulement des trams enfièvrent les calle du centre. (Auguste Vierset, « L’Espagne en autocar », Les Editions de Belgique, Bruxelles, 1935, pp. 27-28.)

English quotes

Naples, 1854
Many travelling pedlars go about the streets, with their wares upon their heads; and their cries make the air resound. This, added to the jingling bells worn by the flocks of goats continually being driven into the city to be milked, or out to pasture, makes naples full of sound. The street musicians also, with horn, violin, guitar, etc, dancing as they play; also Punch and Judy, who were created in this region, squeaking in the streets, with multitudes of carts, carriages, etc, make Naples a noisy town … (Samuel Young, « A Wall-street bear in Europe », in: Peter Furtado, « Great CitiesThrough Travellers’Eyes », Thames & Hudson, London, 2019, p. 221.)

LUMIÈRES DU NORD

Londres, vers 1985
La lumière manque souvent de qualité, mais les ciels ! Jamais de ciel uniforme ici. Menaçant de nuées grises en flottille – de la cendre à l’anthracite – , blanches ça et là d’un côté de l’horizon, mais clair et balayé d’azur de l’autre. Foncé de noir et en même temps, ailleurs, enhardi de rose carminé, de lilas. Changeant d’une heure à l’autre. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, pp. 22-23)

Amsterdam
De novembre à mars peu de couleurs sur la ville. Mais, leur suppléant, les tons, l’harmonie des valeurs, les oppositions de sombres et de clairs. Le plus souvent pour nourrir l’oeil enchanté, les grandes nappes lumineuses, les gris, perle ou acier, qui sur l’eau passent du mat au poli, et dans les nuages de l’opaque au transparent. L’hiver offre les dégradés, l’automne fait le don des contrastes – des nuages plombés et de brusques ensoleillements. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 103)

Vienne
Ville morose, accablée de tristesse, où de décembre (parfois bien avant) à mars ou avril un plafond bas, une lumière veuve de soleil « pèse comme un couvercle ». (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 59)

Février s’enlise sous un ciel couvert, imperturbable gris éteint, d’où sourd de huit heure du matin à cinq heure du soir la même lumière pâle, indifférenciée – un jour terne, vague émanation de la brume, un neutre de la lumière. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 66)

Et toujours la demi-lumière feutrée d’humidité qui rend irréelle la promenade. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 76)

LUMIERES DE VENISE

Le ciel vénitien n’est jamais de ce bleu dur qui nous obsède parfois, jusqu’à la hantise, dans les régions sèchesde l’Italie, les méridionales surtout, mais d’un azur très fin, lavé et relavé, qui enveloppe les architectures sans les découper nettement, comme il en est en Sicile et même à Florence. (A. t’Serstevens, « Intimité de Venise », Arthaud, Grenoble, 1969, p. 75.)

L’ombre et la lumière, plus que partout ailleurs, adverses, complémentaires – que les façades trouvent là leur modelé. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990,p. 161)

En début de printemps, la lumière flottante, instable, prompte à se voiler comme à s’aérer l’air marin ou vibrer de soleil frais. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 162)

Les matins d’avril, inséparable de l’air frais, une lumière de perle embuée fait trembler la ville. (Claude Dourguin, « La lumière des villes », Champ Vallon, Seyssel, 1990, p. 176)

A LA PLEINE LUNE

Venise
Sempiternel leitmotiv de toute littérature consacrée à la Sérénissime: la lumière lunaire blanchit (en tous les sens) Venise, la rédime, la sauve momentanément de son irrémédiable déchéance. Alors qu’en plein jour la cité exhibe impudiquement sa lamentable vieillesse, ses innombrables mutilations et ses incurables infirmités, la nuit la rajeunit, lui rend toute sa jeunesse, toute sa splendeur d’antan. Guérissant et masquant pendant quelques heures ces plaies et ses sanies, la lune réenchante Venise, réactive ses attraits en dessinant avec netteté les contours des palais et des églises, tout en laissant dans l’ombre l’affreuse lèpre pourrissant les briques et les marbres. (Alain Buisine, « Dictionnaire amoureux et savant des couleurs de Venise », Zulma, 32380 Cadeilhan, p. 28. )

Venise
En plein jour, il n’y a guère de poésie dans Venise, mais sous la lune charitable ses palais déchus redeviennent blancs, leurs sculptures délabrées sont cachées dans les ombres et la vieille cité semble à nouveau couronnée de la grandeur qui était la sienne il y a cinq cents ans. (Mark Twain, « le Voyage des innocents » [1869], Maspero, Paris, 1982, p. 190).

TOUCHER DES SOLS

Cordoue – 1935
La ruelle zigzagante nous introduit du coup dans la vieille ville et ce serait charmant, n’étaient les cailloux pointus qui font du pavé cordouan le plus intolérable qui soit. (Auguste Vierset, « L’Espagne en autocar », Les Editions de Belgique, Bruxelles, 1935, p. 106)

Tolède – 1935
Tolède enfin, c’est la ville brûlée, calcinée, au réseau de rues étroites et silencieuses, aux pavés pointus, … (Auguste Vierset, « L’Espagne en autocar », Les Editions de Belgique, Bruxelles, 1935, p. 133)

TOUCHER THERMIQUE

Séville – 1935
La Calle de las Sierpes est à cet égard un véritable microcosme de la vie sévillane. Interdite aux véhicules, refuge d’ombre et de fraîcheur, grâce aux soldos, vélums de toile tendus d’un toit à l’autre, elle grouille à certaines heures d’une animation intense. (Auguste Vierset, « L’Espagne en autocar », Les Editions de Belgique, Bruxelles, 1935, p.87)

ODEURS

Florence, janvier 1856
Ville, où les trois quarts des rues sentent mauvais, […] où il fait une humidité puante. (Edmond et Jules de Goncourt, « L’Italie d’hier », Editions Complexes, Paris, 1991, p. 73)

Venise, 1944
Venise, moi je la reconnais à l’odeur. Odeur: esprit de la part mortelle des hommes, des choses, des villes. Ferrare est soeur par l’odeur de Munich. L’une et ‘autre sentent la buche brûlée. Villes combien cordiales l’une et l’autre et hivernales. L’une et l’autre invitent à l’espace domestique clos, au gemütlich de la maison. L’eau de Venise a « son » odeur. (de Venise, cette définition d’Amerigo Bartoli: « Venise est une fort noble et vieille dame à la mauvaise haleine ».) J’ouvre les narines à l’odeur de Venise, je pense que l’eau aussi a sa vie secrète, que l’eau aussi est une chose mortelle. (Alberto Savinio, « Ville, j’écoute ton coeur », Gallimard, Paris, 2012, p. 15. [trad. Jean-Noël Schifano])

Prague
Et je puis bien le dire maintenant, ce qui me reste de Prague, c’est cette odeur de concombres trempés dans le vinaigre, qu’on vend à tous les coins de rues pour manger sur le pouce, et dont le parfum aigre et piquant réveillait mon angoisse et l’étouffait dès que j’avais dépassé le seuil de mon hôtel. (Albert Camus, « L’envers et l’endroit » (1956), in: Oeuvres complètes, Quarto Gallimard, Paris, 2013, p. 121)

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Lyon, mai 1664

Les indulgences sont publiées par des hommes habillés en religieux, coiffés d’une barrette  de la même forme que celle des prêtres, mais d’une couleur différente.  Avant de les publier, ils sonnent une clochette retentissante, et psalmodient fort longtemps dans tous les quartiers les plus fréquentés de la ville, mais à des distances assez grandes pour qu’on ne les entende pas deux fois. (Sébastien Locatelli, « Voyage en France. Moeurs et coutumes françaises (1664-1665) », traduit de l’italien et annoté par Adolphe Vautier, Paris, Alphone Picard et fils, 1905, in: Jean M. Goulemot, Paul Lidsky et Didier Masseau, « Le voyage en France – Anthologie des voyageurs européens en France, du moyen âge à la fin de l’empire », Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 1995, p. 154.)

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